26 juin 2025 à 14h : séminaire international n° 69
Intervenant
Florentin Cailleux
Postdoctorant, Comenius University in Bratislava, Slovaquie
Thème
Les insectivores (Eulipotyphla) néogènes : du registre fossile à la reconstitution des milieux
Le développement de systèmes biostratigraphiques et biochronologiques européens dans les années 1980 a conduit à l’essor des recherches taxonomiques portant sur les petits mammifères fossiles. Cela a permis l’établissement et la généralisation de méthodes d’étude permettant l’acquisition et la comparaison de vaste collection de matériel dentaire, même issues de sites à faible abondance fossile. Dans le cadre de l’étude des communautés de petits mammifères du Néogène (23.0 – 2.6 Ma), les insectivores ─ ou Eulipotyphla ─ ont suscité moins d’attention de la part de la communauté scientifique que les rongeurs (Rodentia). Leur présence fluctuante dans les dépôts fossilifères, leur diversité plus limitée ainsi que leurs morphologies conservatrices ont en effet restreint leur contribution à la compréhension générale des événements fauniques passés.
Au-delà de leurs intérêts taxonomiques, les insectivores fossiles et actuels se sont révélés être particulièrement sensibles aux variations environnementales (sténotopie). Si cette spécificité gêne les comparaisons fauniques à grande échelle, elle constitue en revanche un atout précieux pour reconstruire les paysages et les milieux dans lesquels les communautés de vertébrés ont évolué, notamment en Europe. Par ailleurs, les insectivores contribuent à la compréhension des renouvellements fauniques, notamment dans le cadre d’événements de migration induits ou non par des facteurs environnementaux et dont l’impact régional complexifie les corrélations biochronologiques. Les recherches actuelles dans le Miocène inférieur d’Anatolie en sont un parfait exemple. Enfin, une part conséquente de la recherche actuelle vise à combler les lacunes taxonomiques du groupe, que ce soit par la découverte et la description de matériel provenant de régions peu explorées, ou par la résolution de questions phylogénétiques souvent compliquées par la grande variabilité intraspécifique des insectivores.
Mandibules (vue labiale) de quatre espèces du genre Miocene Dinosorex (Eulipotyphla, Heterosoricidae). Source: Cailleux et al., 2025.
Après un bref historique de l’étude des faunes d’insectivores du Néogène, je m’attarderai au cours de cette intervention sur les disparités géographiques dans l’étude de ces faunes et sur les cadres relatifs dans lesquels s’inscrivent mes travaux. Je présenterai, pour ce faire, mes deux principaux sujets d’étude : 1) l’évolution des Erinaceidae (hérissons et gymnures) à partir de leur variabilité dentaire; 2) la succession des communautés d’insectivores en Europe durant le Miocène tardif.
Lieu
Salle 410, bât. B35 (3ème étage, aile nord), université de Poitiers.